Cannelle, une nouvelle série pour pallier le sérieux manque de diversité dans la littérature jeunesse.

Il y a plus d’animaux ou d’objets représentés dans la littérature jeunesse que de personnages issus des minorités.

En matière de diversité, il y a un véritable problème dans la littérature pour enfants.
En effet, beaucoup de familles – dont la mienne – peinent à trouver des albums jeunesse avec des personnages auxquels leurs enfants puissent s’identifier. Et s’ils en trouvent, ces personnages ont malheureusement trop souvent un rôle secondaire.


Selon des statistiques publiées aux États-Unis,  il y avait en 2018 plus de livres pour enfants mettant en vedette des animaux et d’autres personnages non humains (27%) que tous les types de minorités visibles réunis (23%), alors que la moitié des livres pour enfants examinés présentaient des enfants blancs. 

This infographic shows the problem with representation in children's books.

Il n’y a pas de chiffres pour la France car aucune étude n’a été faite sur le sujet, mais quand on voit que les livres jeunesses avec des personnages racisés se comptent sur les doigts d’une main, on comprend que cela ne peut être mieux…

Il est vital que tous les enfants soient représentés dans la littérature jeunesse.

Pourtant, il est important que TOUS les enfants puissent rencontrer dans des livres des personnages positifs auxquels ils puissent s’identifier. C’est ce qui m’a cruellement manquée quand j’étais enfant. Je me rappelle d’ailleurs d’une petite fille noire américaine qui racontait que quand elle jouait avec ses copines blanches, elle rêvait au fond de son petit cœur d’être une princesse comme elles. Malheureusement elle savait que c’était mission impossible, car comme le lui faisaient remarquer ses copines, “les princesses noires ça n’existe pas !”. Et bien sûr on ne peut pas blâmer ces petites filles blanches puisqu’elles n’avaient jamais vu de princesses noires. 

Souvent les livres avec des personnages noirs abordent des thèmes comme la racisme, les cheveux crépus, la couleur de peau… C’est bien, mais ces livres mettent en avant la différence (et la souffrance) des enfants. Cependant les enfants ne sont pas si différents et partagent au contraire les mêmes envies et les même rêves. Ils ont donc besoin de livres “légers” pour les valoriser, des livres où les personnages qui leur ressemblent se montrent simplement drôles, créatifs, ou encore réalisent des choses proches de leur ordinaire comme aller à la plage, jouer dans un parc, manger des glaces…

Les enfants ont besoin de se reconnaitre dans les livres et ce dès leur plus tendre enfance. On a remarqué que les livres avec des images de bébés et d’enfants attirent le regard des bébés, mais encore plus lorsque ces personnages leur ressemblent. Cela, je l’ai constaté avec mes enfants. La première fois que je leur ai montré  un livre avec des personnages noirs, ils étaient comme hypnotisés et me réclamaient sans cesse ce livre. Ils adoraient le personnage principal parce qu’il était de la même couleur que maman !

« Une fois que les enfants se voient représentés dans les livres, leur existence est reconnue et ils ont le sentiment qu’ils font partie du monde. »

“Once children see themselves represented in books, their existence is validated, and they feel that they are part of the world.”

– Eric Velasquez (award winning author and/or illustrator of more than 25 children’s books) –

Et la bonne nouvelle….

Bien qu’il soit encourageant de constater une amélioration constante au cours des trois dernières années, il reste encore beaucoup à faire pour que tous les enfants puissent se reconnaitre dans les livres qu’ils lisent et que l’industrie de l’édition pour enfants reflète la diversité de notre société actuelle.

Voilà c’est ça la bonne nouvelle ! Les choses évoluent dans le bon sens. Lentement mais surement.

Si on compare l’image de 2018 avec celle de 2015, on voit bien qu’il y a une nette amélioration de la représentation depuis 2015.
MAIS (oui malheureusement il y a un “mais”…) on peut voir que les illustrateurs ont ajouté des fissures sur les miroirs de l’illustration de 2018 (il y a même des morceaux de verre par terre !). Dans quel but ? Ceci afin d’illustrer la fausse représentation continue des communautés sous-représentées. Les livres ont peut-être augmenté en quantité, super ! Mais pour ce qui est de la qualité ou de l’exactitude c’est autre chose… (Source : School-Librairy-Journal).
Par exemple ces livres sont parfois écrits par des auteurs qui ne connaissent rien ou peu au sujet de la culture sur laquelle ils écrivent. Ou encore les livres représentants des minorités ne permettent pas toujours à l’enfant de se reconnaitre (par exemple carricatures, enfants en pagne dans la brousse, enfants avec des plumes sur la tête, un arc et des flèches etc.). Bien sûr il n’y a aucun mal à représenter un enfant  en pagne dans la forêt. Mais puisqu’il existe des millions de livres pour enfants, toutes les réalités ou mode de vie des enfants  devraient pouvoir être représentées facilement.

Les “livres miroirs” et les “livres fenêtres”.

Children’s books should provide mirrors and windows to the world.
Ce concept de “livres miroirs” et de “livres fenêtres” a été  initialement introduit par l’éducatrice Emily Style en 1988. Selon elle, les livres qui présentent des fenêtres offrent une vue sur la réalité du monde, alors que les livres qui reflètent la propre culture d’un lecteur sont des miroirs.

Lorsque les enfants lisent ou regardent des livres où sont valorisés leur culture et des personnages qui leur ressemblent, ils ressentent un sentiment d’appartenance. Donc les enfants qui se sentent exclus des livres risquent de se sentir exclus de la société.
Et grâce aux “livres fenêtres”, les enfants apprennent à comprendre des façons de vivre différentes des leurs et à apprécier les autres.

Les “livres fenêtres et miroirs” sont des outils puissants pour aider les enfants à construire leur identité mais également leur enseigner le respect et la tolérance.

La série Cannelle est bénéfique pour tous les enfants.

Avec l’idée de combler ce manque actuel de diversité dans la littérature jeunesse, j’ai créé en août 2020 Cannelle, une série jeunesse qui a pour héroïne une petite fille noire attachante qui habite aux Antilles entourée de sa famille et de son chien.
En fait, lire Cannelle est bénéfique pour tous les enfants. Cela donne aux enfants noirs et métissés une chance de se considérer comme des héros, ce qui est vital. Mais cela permet aussi aux autres enfants d’élargir positivement leur vision du monde en voyant des héros différents d’eux-mêmes représentés dans des livres. 

Et puis Cannelle, c’est d’abord de très belles histoires accompagnées de magnifiques illustrations pour passer un moment convivial et complice avec son enfant.